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Elle vous rappelle quelque chose, hein, cette photo issue du générique de Police Python 357. Et s’il était possible d’y ajouter la musique de Georges Delerue sur lesquelles s’animaient les images du montage méthodique du "meilleur revolver du monde", vous n’auriez plus la possibilité d’ignorer l’analogie avec la puissante introduction de Magnum Force.

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Du flingue à la musique inspirée par Lalo Schiffrin, Alain Corneau, qui réalisait ici son deuxième film, ne limitait pas là les similitudes avec le personnage créé par Don Siegel. Et comme Clint Eastwood donc, Yves Montand dans la peau de l’inspecteur Marc Ferrot, incarnait un flic marginal aux méthodes peu orthodoxes, tragique, anachronique. Seulement, si Alain Corneau semble avoir malicieusement titré son film du nom d’une arme évoquant une bobine bourrée d’action à tout rompre, à l’écran, il n’en était rien. Alors, si j’imagine que pour les fans de polars nerveux c’est un méchant coup d’arrêt après une introduction des plus appétissantes, que personne ne bouge : Police Python 357 est un polar français méritant, atypique et surtout, aux confins du film noir.

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Dans la ville d’Orléans, l’inspecteur Marc Ferrot fait figure d’extra-terrestre auprès de ses collègues. Agissant toujours seul au mépris du danger, fabriquant des cartouches maison pour son 357, on ne lui connait ni famille (c’est un ancien de la DDASS), ni liaison sentimentale jusqu’au jour où il s’amourache d’une jeune femme, Sylvia (Stefania Sandrelli), au passé aussi opaque que lui. Problème, celle-ci n’est autre que la maîtresse du patron de Ferrot, le commissaire Ganay (François Périer), qui ne va pas tarder à découvrir la liaison entretenue entre Sylvia et son nouvel amant (sans toutefois savoir qu’il s’agit justement de Ferrot). Fou de jalousie, Ganay tue accidentellement Sylvia et, afin de ne pas éveiller les soupçons à son égard, confie l’enquête à Ferrot qui va se retrouver, malgré lui, au cœur même de toutes les suspicions…

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Si, comme Spencer Tracy dans Fury (Corneau n’a jamais caché sa fascination pour les thèmes Langien et il apparait qu’ici, le personnage de Ferrot s’inspire en partie de celui de Joe Wilson) Yves Montand se retrouvait accusé d’un crime qu’il n’avait pas connu (ou du moins, suspecté comme tel), l’histoire écrite par Daniel Boulanger le rendait en tout cas coupable d’avoir nourri un sursaut d’humanité en tombant amoureux de Sylvia : en voulant redessiner son destin Ferrot allait faire ressurgir ce pourquoi il était en marge de la société, lui cet ancien de la DDASS.

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Au fur et à mesure que l’enquête progressait, Ferrot allait subir un véritable isolement, professionnel et social, et devenir prisonnier d’un monde étroitement surveillé par la police à laquelle il appartenait. Et puis, comme pour symboliser la sécheresse identitaire de son héros, Alain Corneau, allait filmer cette grande idée où, afin d’éviter d’être confondu par des témoins devant dresser le portrait robot d’un homme se trouvant sur les lieux au moment du crime (Ferrot, en l’occurrence), Yves Montand allait se défigurer le visage au vitriol et cesser ainsi d’exister physiquement au sein d’une société cherchant à le condamner.

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Mais la plus belle des repentances était offerte par Corneau à son personnage dans les 5 dernières minutes du film où, dans un final explosif (en concédant que les roulades de Montand pourront faire sourire), Ferrot allait sauver la mise à toute la police Orléanaise en stoppant le hold-up sanglant d’une bande de braqueurs : si l’homme était défiguré, sa fonction résistait, imperturbable, digne, illustré par ce plan dans lequel Ferrot vacillait à peine de l’explosion de la camionnette des gangsters. Avec cette scène finale, Alain Corneau replaçait alors le personnage incarné par Yves Montand au sein de sa corporation, comme le rempart à la gangrène qui n’épargnait pas les personnages au service de la loi.
S’il vivait désormais en enfer, L’inspecteur Ferrot avait en tout cas retrouvé son identité.

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Police Python 357 - Alain Corneau (1975)

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